Marseille-Eskisehirspor est sans doute déjà tombé aux oubliettes pour l’immense majorité des supporters marseillais. Pour Rafidine Abdullah, cet obscur match retour du troisième tour de qualification d’Europa League restera gravé à jamais. A la 79e minute, au Stade Parsemain de Fos-sur-mer, le jeune milieu de terrain a officiellement débuté en professionnel. Trois jours plus tard à Reims, c’est en Ligue 1 qu’il a effectué ses premiers pas. Son éclosion n’a pas étonné ceux qui ont suivi la préparation estivale de l’OM. A seulement 18 ans et huit mois, « Rafi » avait été le seul gamin né en 1994 conservé lors du deuxième stage. Il avait participé à toutes les rencontres amicales sauf celle contre Evian à cause d’un souci au mollet.
Repéré à huit ans par l’OM
Pour ses formateurs, c’est une suite logique. Au même titre que Baptiste Aloé, Momar Bangoura, Larry Azouni ou Gaël Andonian, Abdullah était le fleuron du centre. « J’avais prévenu : « Quand il ira en bas, il ne remontera plus… » Comprenez le terrain des pros en contrebas à la commanderie en opposition à celui du haut où s’entraînent les jeunes pousses olympiennes. La prédiction est signée Freddy Assolen, recruteur des jeunes à l’OM, qui avait repéré la petite pépite dès l’âge de huit ans dans son club de Plan-de-Cuques. « Il avait un impact physique et une technique au-dessus de la moyenne pour son âge », se souvient Assolen.
Issu d’une famille modeste originaire des Comores, « Rafi », né à Marseille, a grandi au Canet dans les quartiers Nord. Petit, Serge Blasi, son éducateur jusqu’en U13 l’emmenait à l’Hôtel Cesar de Plan-de-Cuques où l’OM effectuait ses mises au vert. Il conserve encore les clichés avec Franck Ribéry et surtout Didier Drogba son idole. A treize ans, alors que Montpellier, Auxerre et Bordeaux le courtisent, Rafidine opte pour l’OM pour réaliser son rêve. « Il n’aurait pas supporté l’éloignement de sa famille et de ses amis », confie Serge Blasi qui est devenu son « papa dans le football ».
Toujours surclassé, le minot a gravi tous les échelons jusqu’à l’équipe première. « Il avait des qualités mais il était dilettante, raconte Robert Nazaretian le vice-président de l’association OM. On se demandait même s’il croyait en lui ! » Puis, l’année dernière, Abdullah a eu le déclic en voyant ses potes Azouni, Bangoura ou Aloé intégrer le groupe pro.
« Il a un Alou Diarra dans chaque jambe ! »
Depuis un mois et demi qu’il fréquente les grands, Rafidine Abdullah compile les louanges. Son coach Elie Baup a rapidement flairé le potentiel du gamin qui peut évoluer à tous les postes du milieu de terrain. « Il est en avance sur ceux de sa génération, assure le technicien. Il exprime un potentiel mais il faut y aller mollo. »
Chez ses coéquipiers les plus expérimentés, Rafidine Abdullah fait l’unanimité par son talent et surtout son attitude. « Je le voyais chez les jeunes mais je ne savais pas qu’il était si fort. Il m’impressionne », avoue Jordan Ayew âgé de 20 ans. « Il est très sobre, bon dans la récupération, joue simple et voit avant les autres, affirme Benoît Cheyrou un relayeur comme son cadet. Et puis il a un bon état d’esprit, il est à l’écoute. » Le taiseux Morgan Amalfitano apprécie cette caractéristique : « Il ne rechigne pas et n’ouvre pas sa bouche pour rien dire comme certains. S’il garde ce chemin, il va progresser. Mais il est bien parti. » Fan de la première minute, Freddy Assolen s’enflamme : « S’il comprend que le foot peut être son métier, il ira très loin. Il a un Alou Diarra dans chaque jambe ! »
« Timide en dehors, guerrier sur le terrain »
Le départ de l’international français vers West Ham a ouvert la porte à la promotion de Rafidine Abdullah. Sentant que sa chance se présentait, le milieu s’implique à fond. Pour la première fois, il a même renoncé au Ramadan. Très timide, « Rafi », qui vit toujours au domicile familial, est encadré par Serge Blasi et son frère, Amerdine (30 ans), ancien joueur au Burel et policier dans le civil. « Sa grande qualité est de rester toujours très humble. Il ne tire pas de plan sur la comète, assure M. Blasi. Il me dit que s’il doit retourner en réserve, il donnera le maximum. » Freddy Assolen reconnaît les deux visages de l’Olympien « timide en dehors et guerrier sur le terrain. » Nazaretian parle d’un « bon petit bien élevé. »
Un destin à la Nasri ou à la Bocaly ?
Alors que l’OM a déjà lancé des Samir Nasri, Mathieu Flamini ou encore André Ayew, s’emballe-t-on autour de Rafidine Abdullah qui n’a qu’une poignée de minutes en professionnel ?
« Il ne faut pas le griller en le mettant trop vite dans la dimension de la compétition car ça peut être à double tranchant », prévient Elie Baup. Robert Nazaretian prend moins de pincettes : « Pour qu’on voit si les jeunes ont le niveau, il faut les faire jouer. Mais évidemment, il ne faut pas penser que Rafi gagnera un match tout seul. » Le récent cas de Garry Bocaly est encore dans toutes les mémoires. Sifflé par le vélodrome, le latéral a préféré fuir à Montpellier où il est devenu l’un des meilleurs spécialistes français à son poste.
Pour l’heure, Rafidine Abdullah n’est qu’une belle promesse d’avenir. Un diamant brut qu’il reste à polir.
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Quelqu’un sait ce qu’est devenu Abdullah aujourd’hui ? 🤔
C’est incroyable de voir un joueur si jeune avec un tel potentiel ! Merci pour cet article inspirant.
Pourquoi l’OM ne donne-t-il pas plus de chances aux jeunes talents comme Abdullah ?
J’espère qu’il ne va pas finir comme Garry Bocaly… 😬
Quelqu’un a-t-il déjà vu Abdullah jouer en vrai ? Qu’en pensez-vous ?
Le garçon a l’air d’un vrai prodige ! Bravo à l’OM pour l’avoir repéré si tôt.
Je me souviens de ce match contre Eskisehirspor, Abdullah était impressionnant !
Il faut être prudent avec les jeunes talents, la pression peut être énorme. 😟
Pourquoi toujours comparer les jeunes à des anciens joueurs ? Laissons-le tracer son propre chemin.
Serait-il déjà temps de le voir en équipe nationale ?
Un diamant brut qui mérite d’être bien taillé. Espérons qu’il ait un bon entourage.